Les enseignants de Linz et de Haute-Autriche connaissent le CIPEF de Linz. Celui-ci a proposé pendant quelques mois ouvrages et activités en français. Mais depuis la rentrée de septembre, le silence règne…
Petite histoire d’un centre de ressources n’ayant pas eu le temps de grandir.
En octobre 2003, les attachés de coopération pour le français alors en poste à Vienne ont été à l’initiative d’un projet de centre de ressources à Linz.
Ils m’ont alors mandatée pour la prise en charge de cette création et la coordination et l’animation du centre de ressources. Le projet élaboré notamment dans le cadre du soutien au développement de l’enseignement du français en Haute-Autriche devait répondre à plusieurs critères :
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mise à disposition d’un fonds de ressources pédagogique, théoriques et pratiques, pour l’enseignement du français à Linz (disciplines linguistiques et non-linguistiques)
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inventaire de matériel disponible/existant
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création de matériel pédagogique en français pour les disciplines non-linguistiques
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création de matériel trans-disciplinaire en français
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création de matériel pédagogique en français pour l’enseignement précoce
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conseils et soutien pédagogique
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ateliers de formation pour les enseignants et intervenants de français et de DNL
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cours de langue française du niveau débutant à intermédiaire pour un public d’adultes (enseignants et parents d’élèves)
Le public concerné par ce centre de ressources devait être composé d’enseignants autrichiens des écoles primaires et du secondaire, des matières linguistiques et non linguistiques, impliqués dans les filières d’enseignement bilingue et général mais aussi des locuteurs natifs, des intervenants de français dans les jardins d’enfants et dans les cours de français. D’autre part, les élèves étaient aussi concernés par ce centre de ressources.
Après avoir recherché un local pouvant permettre de répondre à ces critères et donc être accessible à tous, sans compter la présence de divers moyens de communication (téléphone, connexion à Internet…), la Pädagogische Hochschule de Linz1 a proposé de nous mettre à disposition un endroit provisoire mais accessible à tous et répondant à ce qui avait été défini.
A charge pour cet institut de fournir l’espace mais aussi l’infrastructure informatique nécessaire, au service de coopération et d’action culturelle de fournir le fonds pédagogique de base.
Après avoir mis en place l’organisation et le fonctionnement du Centre d’Informations Pédagogiques pour l’Enseignement du Français, l’équipe s’est enrichie d’une personne supplémentaire, Odile Pageaux, qui dans un premier temps a animé les cours de français puis a pleinement participé à l’animation du CIPEF.
Cette animation du CIPEF consistait à en gérer l’administration quotidienne : emprunts et consultations des ouvrages, à en animer la vie pédagogique : commandes d’ouvrages transférés au service culturel, créations de matériel pédagogique, permanences, gestion et formation de l’équipe de bénévoles constituée par des assistants de langue française présents dans les établissements scolaires de Linz et des alentours.
Chaque mois, une lettre envoyée aux enseignants permettait de les renseigner sur les nouveautés mais aussi de les informer sur les activités à venir. Un site Internet complétait ce dispositif d’informations (http://cipef.site.voila.fr).
Les activités du CIPEF ont donc consisté, d’une part, à mettre à disposition du matériel pédagogique pour l’enseignement bilingue, pour l’enseignement précoce du français mais aussi pour l’enseignement général de la langue. Ouvrages de français langue étrangère et abonnements à divers périodiques français ont ainsi été consultables et empruntables gratuitement par les enseignants mais aussi par les étudiants et les élèves venus chercher des informations pour leurs travaux.
D’autre part, la mission du CIPEF était de créer du matériel pédagogique, ce qui a été effectué sous forme de dossiers didactiques présentant des thèmes particuliers et comportant un certain nombre d’informations et d’activités.
L’objectif principal était la mise à disposition de matériel, le soutien à l’enseignement mais aussi la mutualisation des ressources. Dans ce but, un appel a été lancé auprès des enseignants afin qu’ils mettent à disposition de la communauté enseignante les outils qu’ils avaient pu créer.
Nous avons également mis en place des activités permettant aux élèves et aux enseignants de découvrir la langue française au travers d’une autre approche de la langue. Nous avons pour cela utilisé les événements exploités dans les établissements scolaires français; printemps des poètes, fête du pain, fête de la musique ont été les principales activités proposées. Au cours de ces après-midi, les élèves ont pu découvrir et jouer avec la langue française. La fête de la musique a vu l’intervention d’un formateur de français langue étrangère en France, également musicien, dans les établissements scolaires. Plus de 150 élèves ont ainsi pu participer à cette fête de la musique en français. Il faut souligner que ce formateur, par ailleurs au chômage en France, avait accepté d’intervenir bénévolement.
Nos projets pour l’année scolaire 2005-2006 étaient de continuer et d’intensifier ces activités, de poursuivre le club de conversation en en renforçant l’importance, mais aussi de créer des activités itinérantes dans les établissements scolaires, répondant ainsi à la demande des enseignants. Nous poursuivions aussi le but d’obtenir, dans l’institution qui nous hébergeait, un espace qui nous aurait été propre afin de pouvoir y mener des actions pour le français plus intenses.
Le changement des agents du Service de Coopération et d’Action Culturelle a quelque peu perturbé ces projets. La transmission et la prise de connaissance des dossiers ont eu pour résultat une information tardive auprès des enseignants s’inquiétant de la reprise des activités du CIPEF. La seconde conséquence de ce changement d’équipe a été une modification des intérêts.
Le CIPEF, en tant que tel, sera réorganisé. Nous n’avons à ce jour aucune certitude de la poursuite de son existence si ce n’est l’arrêt des activités telles que nous les avions créées. Il semblerait que les ouvrages pourraient être intégrés à la bibliothèque, dont les ouvrages ne sont pas en libre accès, de la Pädagogische Hochschule.
La présence des deux personnes animant le CIPEF n’est plus d’actualité.
Il est nécessaire de souligner le fait que mettre en place un tel centre de ressources demande du temps. Attirer les enseignants, les persuader de l’utilité des activités, bénéficier de leur confiance, établir un réseau pour faire circuler les informations ne peut se faire en l’espace de 9 mois. Il est vrai qu’un certain nombre de prises de positions (notamment la gratuité totale des emprunts, imposée par le Service de Coopération et d’Action Culturelle ou l’absence de soutien pour un nouvel emplacement indépendant) n’ont pas joué en faveur du développement du CIPEF.
Il semblerait que dans le cadre actuel de la fermeture du centre de cours de l’Institut français de Vienne, l’appui sur les compétences et réseaux locaux, pourtant défendus par le Ministère des affaires étrangères français ne soit pas d’actualité. La diffusion du français et le soutien à son enseignement dans les établissements scolaires semblent à première vue loin d’être un objectif primordial. Mettre fin à un projet actif quelques mois à peine après le début de son action parait incompréhensible. Une réorientation en centre passif n’était pas l’objectif final et ne peut que nuire à la motivation grandissante des enseignants de français. Le travail fourni, l’implication des assistants et des enseignants ayant participé aux activités, ayant emprunté des ouvrages, c’est-à-dire ayant permis au CIPEF d’exister paraissent ainsi méprisés face à la décision prise.
1 Kaplanhofstr. 40A-4020 Linz
Publié dans l’Apfascope, n°40, Journal de l’association des professeurs de français en Autriche
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