1. >
  2. Blog
  3. >
  4. Publications
  5. >
  6. Analyses - Réflexions
  7. >
  8. Exploitation pédagogique de documents

Exploiter différents types de documents, authentiques ou pédagogiques, permet d’apporter des outils utiles à l’apprentissage. Il faut cependant respecter un certain processus dans la préparation afin d’extraire du document matière à exploiter en fonction du contexte et des objectifs d’apprentissage.

1/ Analyse du document

Avant d’exploiter un document, il faut l’analyser. Cette première étape permettra de mettre à jour des éléments cachés qui seront utiles pour une utilisation didactique ultérieure.

– la présentation

En premier lieu, il s’agit d’identifier et de définir l’origine du document. Cela permettra le public et le niveau ou plus exactement les publics et les niveaux.

Un document peut-être issu d’un ouvrage pédagogique, mais son exploitation nécessite une adaptation, ou bien il peut s’agir d’un article de journal, de revue… généralistes ou spécialisées.

Dans le premier cas, l’origine peut-être une méthode scolaire de mathématiques, sciences, littérature….Le contexte est donc déjà posé, l’adaptation est seulement nécessaire en fonction du niveau des compétences du public. Les objectifs sont également clairement définis dès le départ. Dans le second cas, il s’agit d’un document dit « authentique », si le public peut être plus ou moins défini lorsqu’on utilise une revue spécialisée en informatique ou en sciences, les articles de revues généralistes peuvent être destinés à des publics variés et se prêter à bon nombre d’exploitations. Mais les revues de vulgarisation peuvent également permettre des exploitations diverses notamment dans le cadre de l’enseignement d’une langue sur objectifs spécifiques ou langue de travail.

Après l’origine, la date est une indication importante. Elle permet en effet de replacer le document, écrit, oral, iconographique, dans un contexte bien particulier. Ensuite l’auteur est également un détail à prendre en considération dans la mesure où celui-ci est connu. La connaissance de l’auteur donne des indices sur le contenu ou du moins l’orientation du contenu du document. Enfin, la dernière étape, et non la moindre, la nature du document. Ce dernier élément sera le moteur de l’exploitation : texte, enregistrement audio, enregistrement visuel, iconographie (dessin, photo, reproduction de tableaux…). Il est important de mentionner la longueur du texte, la durée de l’enregistrement. Cela permettra de découper le document et de prévoir des séquences d’exploitation.

– La description

Après avoir présenté le document, une description est nécessaire. Elle répond aux trois grandes question : où, qui, quoi.

Où ? permet de définir le cadre, le lieu de l’action
Qui ? présente les acteurs
Quoi ? aborde le sujet

Une analyse plus détaillée peut ensuite être entreprise. Celle-ci répond aux trois questions posées précédemment, d’autres questions seront ajoutées : comment ? pourquoi ? pour quoi ?

Dans le cas d’un document iconographique, les objets, les personnages, l’attitude des personnages, la situation spatiale des personnages et/ou des objets, les formes, mais aussi les couleurs sont autant d’éléments à prendre en considération et à analyser. Cette analyse est retranscrite sous forme de relevé, colonne ou tableau. Une vision d’ensemble est ainsi possible.

S’il s’agit d’un document audio : la durée, le type de document (reportage, information,…), le sujet précis mais aussi les digressions permettront d’orienter l’exploitation. D’autre part tenir compte du débit, du style de langue utilisée (familière, standard, soutenue…) ainsi que des spécificités de l’oralité, (« heu… », « bon », absence de négation complète…) sera utile par la suite pour définir des objectifs. Enfin, un enregistrement audio demande une transcription. Celle-ci doit respecter les pauses, les silences mais aussi les hésitations des locuteurs. Différents signes peuvent permettre de transcrire ces marques de l’oralité en dehors des signes de ponctualité écrite.

Un document écrit exige un résumé rapide afin de présenter l’idée principale ainsi qu’une analyse du lexique utilisé, le relevé permettra de mettre en lumière les différents axes thématiques du texte. De plus, un relevé des temps verbaux pourra également orienter la définition des objectifs ultérieurs. L’observation des différents connecteurs mettra en lumière la structure du texte.

Une fois tous ces éléments regroupés sous forme synthétique, il est possible d’avoir une vue d’ensemble du document et de faire ainsi apparaître des axes d’exploitation. Selon le caractère du français enseigné, l’orientation se fera vers une exploitation générale ou plus spécialisée en fonction d’un domaine spécifique.

2/ Exploitation du document

Cette analyse effectuée, l’exploitation réelle peut avoir lieu tout en respectant également un certain processus.

– Définition des objectifs

Les objectifs dépendent du contexte d’apprentissage. S’il s’agit d’un contexte de cours de français général, les objectifs s’orienteront vers l’acquisition de compétences de communication (orale et/ou écrite), le lexique et la grammaire étant utilisés comme des outils de l’interaction.

Dans le cadre d’un enseignement de français spécifique, le document servira à présenter du lexique particulier (ou général) dans un contexte précis. Que ce soit une lettre administrative, une dissertation littéraire, une conférence médicale ou un congrès scientifique, chacun de ces types de discours obéit à une structure particulière que les participants doivent connaître. En ce sens, la didactisation d’un document authentique est indispensable pour l’acquisition de compétences spécifiques. L’analyse préalablement effectuée par l’enseignant va favoriser non seulement une approche de la forme du document mais aussi d’en dégager des outils indispensables à l’expression.

– Niveau du public

Un document, notamment un document iconographique, pouvant être utilisé à différents degrés de compétences, il est important de bien préciser le niveau du public. Cela permettra d’opérer un choix parmi les objectifs d’apprentissage mais aussi de choisir des activités en rapport avec les acquis et les besoins.

– Choix des activités

Un même document pouvant être exploité de plusieurs manières, le choix des activités dépend des objectifs. Il est important d’équilibrer ces activités sans privilégier tel ou tel domaine par exemple le lexique ou la grammaire au détriment de l’expression, l’écrit au détriment de l’oral et inversement.

– Exploitations multidisciplinaires

Dans le cadre des filières bilingues ou d’un contexte d’apprentissage où le français est langue de travail, l’exploitation de documents pédagogiques ou authentiques permet d’établir des passerelles entre la langue française, étudiée en tant que langue étrangère et la langue utilisée comme langue de travail. Il est intéressant dans ce contexte de procéder en trois étapes : définir des objectifs linguistiques pour une exploitation linguistique, des objectifs disciplinaires et dans un troisième temps de les mettre en relation. De cette manière, il est possible de voir émerger une « méthodologie » sur objectifs et projets transdisciplinaires.

Tableau récapitulatif

Origine

Date

Auteur

Nature

iconographique

audio

texte

Sujet

– Personnages (situation spatiale, attitudes,…)
– Objets ( situation spatiale, formes,…)
– couleurs

-durée

– type
– sujets abordés
– débit
– style de langue
– marques de l’oralité
– transcription

– résumé
– longueur
– sujets
– style de langue
– relevé lexical
– temps verbaux
– relevé des connecteurs

Français général :
– Objectifs
– Activités
– Publics :
* niveau
* objectifs
* activités

Français spécifique :
– Objectifs
– Activités
– Publics :
* niveau
* objectifs
* activités

Exploitation disciplinaire :
– Objectifs
– Activités
– Publics :
* niveau
* objectifs
* activités

Publié sur EduFLE.net
Publié dans l’Apfascope n°37, journal de l’association des professeurs de français en Autriche, 2005

2

Tags:

2 Commentaires

  1. La démarcha à suivre est claire. Il y a un point que je n’ai pas très bien compris. Il s’agit dans EXPLOITATIONS MULTIDISCIPLINAIRES de la dernière phrase: “De cette manière, il est possible de voir émerger une « méthodologie » sur objectifs et projets transdisciplinaires.”.Je suppose que les projets trandisciplinaires concerne les rapports entre le FLE et des matières que les apprenants étudieraient, auraient étudiées.

    • Bonjour,
      oui, c’est tout à fait cela. Un document authentique n’est pas uniquement un objet linguistique en tant que tel. Il permet de véhiculer d’autres apports qui peuvent être en lien avec l’histoire, la géographique, la physique, la musique, la cuisine…
      Dans les sections européennes de certains établissements scolaires, la discipline est étudiée en langue étrangère. Dans les sections “Etudes Françaises” de certaines universités, les documents ne servent pas uniquement à la langue. Combiner les démarches FLE et disciplinaires permet d’enrichir, et d’élargir, les apprentissages.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.